Les violences, les impatiences et les frustrations dans notre société. Une tentative d’explication (Essai)

 

    

J’écris cette réflexion suite à une remarque d’une personne qui me demandait mon opinion sur : comment expliquer l’impatience, la violence et le sentiment de frustration des gens qui augmente de plus en plus dans notre société. Ce questionnement a déclenché en moi la réflexion et l’analyse qui suit.

Avertissement à mon lectorat. Le point de vue que j’élabore dans ce texte reflète comment je vois présentement l’explication du problème. Il s’appuie sur mon savoir théorique de chercheur et sur mon savoir d’expérience de vie.

Je n’aborde pas ici les explications possibles de la violence liées à une psychopathologie – psychose, schizophrénie ou encore à un acte idéologique d’un terroriste. Mon essai d’explication concerne le commun des mortels, le monde ordinaire.

Le texte est long, il prend de la patience pour tout le lire. Les annexes C et Dpermettent de mieux comprendre les sous-systèmes tant de l’individu que de  l’environnement.

Vos commentaires sont les bienvenus et BONNE LECTURE

État des lieux sur les manifestations de la violence,
de l’impatience, de la frustration

J’observe, comme bien d’autres, une augmentation d’expression de violence, de frustration, d’impatience chez les gens. Du moins une augmentation des informations à ce sujet – nouvelles continues – médias sociaux.

Les nouvelles continues nous informent, pour ne pas dire nous surinforment sur tout ce qui va mal dans la société ici et ailleurs – RDI – LCN – CNN, Google actualités, etc. Même phénomène sur les médias sociaux.

La guerre en Ukraine qui n’en finit plus et qui coûte des milliards pendant que des populations meurent de faim étant trop pauvre pour se nourrir. On nous présente cette guerre en Ukraine comme si c’était un match de hockey ou de football. Telle équipe à une nouvelle arme pour se défendre, l’autre entraîne des milliers de nouveaux conscrits. Qui gagnera plus de territoire avec moins de morts, moins de pertes, voilà l’enjeu. Pour en ajouter, la Russie menace d’utiliser l,arme nucléaire.

On nous bombarde continuellement des nouvelles déprimantes qu’on écoute impuissants. Voir en annexe A un petit échantillon de ces événements qui minent le moral et en annexe B des exemples d’événements heureux qui ne sont pas relevés par les médias.

Tentative d’explication du malaise qu’on observe

Les êtres humains, suite aux millions d’années d’évolution, cherchent à se protéger, à survivre, à transmettre leurs gènes, à trouver un équilibre physique et psychique, le bien-être. Chercher consciemment ou inconsciemment à être heureux, à trouver l’équilibre, le bonheur est inscrit dans notre organisme. Toutefois, notre cerveau est toujours à l’affût des dangers qui nous menacent. Et chacun le définit à sa façon ce bien-être. Ainsi, la personne bienveillante, altruiste cherche un équilibre entre son bien-être et celui des autres, le criminel, le délinquant, le dominant, le violent cherche son bien-être en exploitant les autres et en les dominant.

Tenter de répondre à la question : pourquoi cette violence, cette impatience et cette frustration dans notre société ne peut se limiter à un ou deux facteurs responsables. C’est multifactoriel, multisystémique comme beaucoup de problèmes humains le sont.

À l’exemple de notre cerveau, qui comprend de multiples systèmes, notre vie en société s’imbrique dans de multiples systèmes qui orientent nos comportements. Ceci ne veut pas dire que le libre arbitre n’existe pas. Chaque personne possède le pouvoir de choisir, de dire oui, de dire non. Toutefois, il faut reconnaître que de multiples facteurs font pression pour influencer le choix du oui ou du non, du bien ou du mal, du faux ou du vraie, de la transparence ou du caché.

Chaque personne a son patrimoine génétique, son histoire personnelle, sa personnalité, son environnement[1] et baigne dans une culture donnée. Ainsi, il existe de nombreuses différences individuelles qu’il faut tenir compte. Il faut alors prendre mes explications, comme de grandes tendances générales.

Je vais tenter d’expliquer le problème des insatisfactions en regardant deux grands systèmes, soit celui de l’individu et celui de l’environnement. Cette approche systémique fait en sorte que l’individu est lui-même un grand système composé de sous-systèmes qui sont intégrés dans un autre grand système et ses sous-systèmes qu’est l’environnement. Ces deux grands systèmes s’interinfluencent l’un l’autre.  Comme nous le démontrent bien les recherches en épigénétique, l’environnement (éducation, culture, société, etc.) joue sur l’expression des gènes des individus, alors que l’individu a lui-même une influence sur l’environnement.

Les sous-systèmes de l’individu

 

Comme personne humaine, nous avons comme grand système, notre organisme bio-psycho-neurologique et plus spécifiquement les mécanismes neurobiologiques de notre cerveau. Notre cerveau est le chef d’orchestre de nos comportements suite aux multiples influences de nos apprentissages, de nos expériences et de l’interaction avec notre environnement.

Ce sont les multiples sous-systèmes de l’expression du cerveau inscrits dans notre organisme qui sont en interaction entre eux, et en interaction avec l’environnement qui à mon avis explique la violence, la frustration, les impatiences et les insatisfactions.

Chaque sous-système se situe dans une expression soit : positive – neutre – négative. Cette expression peut être relativement stable ou instable. Elle témoigne de notre satisfaction ou de notre insatisfaction.

( – ) Négatif—————————-Neutre (+-) —————————-Positif (+)

Le cumul d’expression (positive – neutre ou négative) des différents sous-systèmes en interaction avec l’environnement conduit à un vécu des personnes qui aboutira à être soit heureux, mitoyen ou carrément malheureux.

Pour voir la liste des sous-systèmes internes à l’individu, voir l’annexe C.

Dynamique interne des sous-systèmes de l’individu
Tous les sous-systèmes sont en interaction entre eux   

Notre double nature
Notre bagage génétique
Notre personnalité
L’estime de soi
Notre style d’attachement
Nos croyances
Nos valeurs

La base étant notre double nature orienté par notre bagage génétique. Le style d’attachement détermine nos relations interpersonnelles. Notre personnalité, notre estime de soi, avec nos croyances et nos valeurs synthétisent qui nous sommes et comment nous allons nous comporter.

Nos besoins
Nos désirs
Nos attentes….
Nos motivations
Nos plaisirs
Nos émotions

Nos besoins, nos désirs et nos attentes influencent nos motivations qui soutiennent nos actions. Selon les résultats de nos actions, nous pouvons ressentir diverses émotions positives ou négatives, ainsi que du plaisir et du déplaisir.

La consommation.
Le travail et la carrière professionnelle
La satisfaction.

 La consommation, la carrière professionnelle, selon leurs réponses peuvent mener à de la satisfaction ou de l’insatisfaction.

Pour voir la liste des sous-systèmes de l’environnement, voir l’annexe D.

Dynamique interne des sous-systèmes de l’environnement

La famille
Le réseau social

L’éducation scolaire
L’environnement socio-économique

 Tous les présents sous-systèmes interagissent entre eux, que ce soit la famille, nos relations sociales, l’école ou le type d’environnement socio-économique (aisé ou défavorisé).

Les religions
La culture

La religion avec ses valeurs morales ou sa domination; la culture avec ses prescriptions et ses valeurs collectives jouent un rôle sur nos vies.

Les gouvernements
Le commerce, les multinationales
et la consommation
La révolution numérique
. 

Les gouvernements avec leurs lois, leurs services, leurs exigences; l’incitation à la consommation par les commerces; la révolution numérique avec tous ses outils conditionnent plusieurs de nos comportements.

Dynamique interactive de tous les sous-systèmes internes à l’individu
et de ceux de l’environnement

 

On pourrait comparer l’ensemble des sous-systèmes que j’ai présenté, à la circulation routière. Celle-ci se compose de rues, de routes et d’autoroutes qui pour la plupart d’entre elles sont interconnectées et s’entrecroisent.

Voici deux exemples différents d’interactions entre les sous-systèmes de personnes et de ceux de l’environnement.

Michel est un jeune homme de 34 ans. Il vit en couple avec deux jeunes enfants. Il est ingénieur informaticien pour une grande entreprise. Enfant il avait des parents affectueux et sécurisants. Il a développé une personnalité d’extraverti avec des valeurs qui l’incite à aider les autres, à se préoccuper de la justice sociale. Il donne de l’importance à la famille et aux partages des tâches avec sa conjointe. Il ne pratique pas de religion, mais est respectueux envers les croyants. Lors de de la covid, il a trouvé cela difficile de faire du télétravail et que les enfants soient à la maison, mais il en a profité avec sa conjointe pour augmenter les activités familiales. Lorsqu’arrivent des obstacles, des difficultés dans la vie familiale ou au travail, il a développé une capacité de se centrer sur les solutions et ainsi de passer à travers des temps difficiles. Il se considère satisfait de son couple, de ses enfants, de sa carrière et sa vie en général.

Nadia est une jeune femme de 30 ans. Elle est mère monoparentale d’un jeune enfant. Elle a fait de courtes études pour devenir coiffeuse. Jeunes, ses parents étaient très occupés par leur travail et elle ne sentait pas assez l’affection et la sécurité de leur part. Elle a développé une personnalité plutôt introvertie qui l’incite à aimer la solitude et peu de contact avec les amis. Elle trouve difficile de vivre cet état de monoparentalité, d’équilibre famille travail et aussi de ses revenus qui lui demande de toujours calculer ses dépenses. Elle ne pratique pas de religion. Lors de de la covid, Nadia a trouvé cela très difficile de ne pas pouvoir travailler pour quelques semaines et d’avoir un salaire réduit. Elle se sent souvent stressée et à bout de souffle. Lorsqu’arrivent des obstacles, des difficultés dans sa vie c’est comme si elle n’avait pas l’énergie nécessaire pour les surmonter. Elle se considère insatisfaite de sa vie en général.

 

La théorie de la balance comme référence explicative à
la satisfaction et à l’insatisfaction

 

Pour expliquer les excès de violences, d’impatiences ou de frustrations dans notre société, je me réfère à la théorie de la balance ou de l’équilibre ou du déséquilibre entre le poids des satisfactions et des insatisfactions dans la vie des personnes.

Dans les deux exemples présentés plus haut, on voit que Michel a les capacités et a  développé les compétences pour faire face aux obstacles, aux frustrations. Le poids de ses satisfactions, de ses réussites est supérieur à ceux de ses frustrations, de ses échecs, de ses déceptions. Ce n’est pas le cas de Nadia, au contraire.

Certaines « explosions » de colère, de frustration et de violence pourraient s’expliquer par un cumul d’insatisfactions, une carence de plaisir dans la vie, de satisfaction.

Comme mentionné antérieurement, il n’y a pas une seule cause à un comportement excessif, il peut y avoir un déclencheur (une perte d’emploi, une séparation, un deuil, etc.), mais ce sont les multiples interactions entre les sous-systèmes de la personne et de l’environnement qui en sont la principale cause.

Conclusion

Cette réflexion explicative me mène à croire que pour bien faire face aux obstacles de la vie, aux difficultés, aux frustrations, il faut développer soi-même des compétences pour gérer ses émotions, sa vie affective. Développer cette capacité de percevoir le côté positif à ce qui nous semble négatif. Être proactif sur ce sur quoi on a du contrôle, du pouvoir.

La bonne nouvelle, c’est que la génétique, le câblage du cerveau ne conduit pas à un déterminisme rigide. La découverte des dernières décennies montre que le cerveau a des capacités de plasticité incroyable qui permet l’apprentissage toute la vie durant et surtout le changement.

Annexe A
Petit échantillon d’événements présentés dans les nouvelles continues
et qui minent le moral.

Remarque. Les nouvelles continues mentionnent très rarement le côté bienveillant, altruiste des humains dans notre société. Cette quantité de personnes qui se vouent au bénévolat, à faire des dons aux associations ou aux fondations, à l’entr’aide. Ces personnes qui, au risque de leur vie, sauvent d’autres individus en péril. Ce qui suit n’est qu’un faible échantillon d’exemples.

  • Les 30% des personnes décédées par accident d’automobile ne portaient pas de ceinture de sécurité. Non-respect des règles obligatoires de sécurité.

  • Le 6 janvier 2021, l’assaut au Capitole américain. L’ex-président Trump n’accepte pas la défaite. Remise en question des règles de la démocratie. À ce jour, Donald Trump, vu comme le responsable, ne fait aucunement l’objet d’accusation par le système de justice américaine.

  • Le même phénomène au Brésil, une partie du peuple n’accepte pas la défaite de l’ex-président Jair Bolsonaro et tente de renverser les résultats. Non-respect des règles de la démocratie.

  • Les manifestations monstres en France contre le projet du gouvernement d’augmenter l’âge possible de la prise de la retraite de 62 ans à 64 ans.

  • La quantité de harcèlements sexuels et d’abus de pouvoir de la part des hommes envers les femmes qui aboutit au mouvement « Moi-aussi ».

  • L’Église catholique protège ses prêtres pédophiles et empêche la justice d’agir et les victimes d’être entendues.

  • Le célèbre Jean Vanier fondateur de l’Arche pour les personnes déficientes intellectuelle. Accusé d’agression sexuelle sur 25 femmes. On croyait que c’était un saint homme.

  • L’Église catholique et ses abus envers les peuples autochtones.

  • La multiplicité des fémicides.

  • La violence conjugale et les dangers pour les femmes et les enfants.

  • La violence verbale, les menaces de mort sur les réseaux sociaux.

  • Les tueries de masse et les véhicules utilisés comme bélier (arme meurtrière).

  • La tuerie à la mosquée de Québec.

  • La tuerie à l’Halloween à Québec.

  • L’autobus qui fonce dans une garderie.

  • La camionnette qui fonce sur des piétons à Amqui (véhicule bélier).

  • L’hypertolérance de la société, du système de justice dans l’histoire de tentative d’assassinat de Pauline Marois élue première ministre du Québec en 2012. On en rajoute avec l’entraîneur de soccer qui mentionne que la seule erreur du tireur c’est d’avoir manqué sa cible. Et! Aucune conséquence.

  • La maltraitance des aînés en CHSLD publics ou privés.

  • Les fraudes par texto des personnes vulnérables et vols d’identités.

  • Les abus des travailleurs comme les infirmières avec le TSO.

  • Le système de santé québécois complètement désorganisé avec le temps d’attente à l’urgence, la difficulté d,avoir un médecin de famille, la difficulté de voir un médecin spécialiste, les opérations retardées, etc.

  • Les talibans et le contrôle excessif des jeunes filles et des femmes (pas le droit à l’éducation, à la carrière, à être dans l’espace public). Manifestation monstre et répression de la part du gouvernement avec tueries et pendaisons.

  • Etc.

J’arrête ici cette longue liste de ce qui va mal et ce n’est qu’un faible aperçu des mauvaises nouvelles.

Annexe B
Petit échantillon d’événements heureux qui ne sont pas présentés
dans les nouvelles continues
(Tiré d’un texte de Simon Papillon)

Il est très malheureux que les médias cherchent avant tout le sensationnalisme à l’aide des annonces de drames. D’une part, il y a de grands malheurs humains mais d’autre part il y a des événements très heureux qui surviennent et  qui sont négligés par les médias.

  • Les belles découvertes scientifiques qui se réalisent continuellement.

  • Les personnes qui  guérissent de maladies sévères.

  • Les succès de nombreux universitaires.

  • Le bonheur des jeunes qui s’amusent avec grand plaisir en faisant du sport avec leurs amis.

  • Les jeunes parents qui adorent prendre soin de leurs enfants.

  • Les rencontres familiales chaleureuses.

  • Les personnes qui sauvent des vies.

  • L’arrivée de belle nourriture fraîche.

  • Le plaisir de se procurer des biens, etc.

Annexe C
Liste des sous-systèmes internes à l’individu

Notre double nature : animal et humaine[2]. Notre organisme se compose d’une part animale et humaine. La partie plus animale est instinctuelle, plutôt automatique dans ses réactions, alors que la partie plus humaine est plus réfléchie et fait davantage appel à notre néocortex. Les deux dimensions sont en interaction, parfois l’une prend le dessus sur l’autre.

La génétique et l’épigénétique. Aujourd’hui on n’accorder de l’importance à la contribution génétique (inné) qu’à la condition de tenir compte de l’apport de l’environnement (stimulation, éducation, apprentissage), soit l’épigénétique. Ainsi, le cerveau d’un individu se développe à la fois par la croissance biologique et par ses expériences en interaction avec son environnement.

La personnalité. Comme individu nous possédons deux fondements qui se complètent et nous caractérisent, soit le tempérament et la personnalité. Le tempérament de la personne influence son niveau d’activité, d’attention, d’anxiété, de timidité, et d’adaptabilité aux situations nouvelles. La personnalité, c’est en quelque sorte la synthèse de la personne, la façon de penser, la façon de vivre les émotions, de communiquer avec les autres. Elle comprend les valeurs, les croyances et oriente les comportements.

Le style d’attachement. L’acquisition d’un développement socioémotionnel harmonieux nécessite que l’individu construise au départ (en bas âge) une relation d’attachement avec une personne aimante qui prendra soin de lui de façon cohérente et continue. Cette personne, objet d’attachement, a pour mission de le protéger et de le rassurer tout au long de son développement. Le style d’attachement sécurisant ou insécurisant va influencer le mode de vie et les relations interpersonnelles présentes et futures de la personne.

Les besoins. Le besoin peut être vu comme un écart entre ce que la personne vit présentement et ce qu’elle ressent comme nécessaire ou souhaitable. Il y a des besoins biologiques, psychologiques, sociaux et moraux.

Les désirs. Le désir est un sentiment généralisé qui se manifeste par une attirance assez intense pour quelqu’un ou pour quelque chose.  Les besoins et les désirs sont intimement liés entre eux.

Les attentes. Lorsqu’on a des attentes, on a également de l’espoir, une projection dans l’avenir. Elles alimentent notre motivation et peuvent avoir plusieurs cibles : notre conjoint.e, nos enfants, nos amis, etc. Elles s’appliquent aussi à nos projets d’études, à notre carrière, à notre santé, etc.  Notre entourage a également des attentes envers nous. Les attentes peuvent avoir différentes dimensions : élevées ou faibles, positives ou négatives, réalistes ou irréalistes.

La motivation. C’est une énergie qui permet d’accomplir des actions. Elle peut se définir comme l’ensemble des mécanismes biologiques et psychologiques qui déterminent le déclenchement d’un comportement, son orientation, l’établissement d’un but à atteindre ou, au contraire, le rejet et la fuite. Il existe un lien étroit entre les émotions, les besoins, les désirs et la motivation.

L’estime de soi. Elle correspond à une autoévaluation de soi-même, à une appréciation qu’on a de soi qui peut être positive, négative, réaliste ou irréaliste. Elle se construit par l’expérience, par les résultats des apprentissages dans tous les domaines, ainsi que par les rétroactions de l’entourage et de ses propres auto rétroactions.

Le plaisir. Dans notre cerveau nous avons un circuit de récompense (besoin-désir-plaisir -récompense), qui se déclenche pour tout comportement qui répond à un besoin. C’est la perspective d’une récompense ultérieure (argent, affection, pouvoir, etc.) qui nous incite à produire un effort physique ou mental. Par la suite, lorsque la récompense a été obtenue, la dopamine active la libération des neurotransmetteurs du plaisir : l’endorphine, la sérotonine. Ces neurotransmetteurs du plaisir exercent des effets euphoriques et relaxants et pousse à reproduire le comportement.

Les émotions. Ce sont des états affectifs accompagnés de réactions physiologiques dont la durée et l’intensité varient. Certaines émotions sont agréables (joie), d’autres désagréables (colère, peur, tristesse). Ce sont des réactions physiologiques à un ou des stimuli de l’environnement intérieur (déclenchées par une pensée, par exemple) ou extérieur (déclenchées par un stimulus – un son, une odeur, la vue d’un objet, d’une personne, etc.). 

Le stress. Le stress nous place dans un état d’alerte et de vigilance propice à percevoir le danger et à trouver une réponse la plus adaptée possible à la situation. Il peut faciliter la fuite, préparer la riposte ou favoriser le compromis. Cette réaction de survie peut correspondre à une réaction positive qui nous stimule puisqu’elle nous donne les moyens de réagir sur le plan biologique, nous amène à réfléchir, à agir pour tenter de résoudre les problèmes et à surmonter nos émotions du point de vue psychologique. Toutefois, dès que le stress devient chronique, il est usant, car il vide l’organisme de ses énergies adaptatives. Il est donc parfois néfaste.

La satisfaction. Dans la vie quotidienne des humains, une place importante est accordée à l’expression du sentiment de satisfaction ou d’insatisfaction. L’expression de ces sentiments est centrale, car c’est notre évaluation, consciente ou inconsciente, de la réponse ou de la non-réponse à nos besoins. La psychologie distingue quatre degrés de satisfaction : l’absence de contrainte, le plaisir, la joie, le bonheur. Ce sous-sytème sera fondamental dans mon explication de la violence, de la frustration, etc.

Les croyances. À l’instar de nos valeurs, on ne se rend pas toujours compte à quel point nos croyances, conscientes ou inconscientes, influencent notre façon de vivre, de décider, de se comporter. Les croyances représentent ce que nous pensons être la vérité. Ce sont des constructions mentales issues de l’éducation et des expériences que nous vivons. Elles nous amènent à croire qu’il s’agit de la vérité. Certaines croyances sont tout à fait fausses, alors que d’autres peuvent être en partie ou en totalité vraies. Habituellement lorsqu’elles sont vraies, elles s’appuient sur la recherche scientifique.

Les valeurs.  Les valeurs font partie de ce qui compte le plus pour nous. Elles peuvent nous caractériser et nous distinguer des autres. Les valeurs représentent un élément fondamental de notre personnalité et jouent un rôle de premier ordre dans nos prises de décision et dans l’orientation de nos comportements. Nos actions sont tributaires de nos valeurs, mais également de celles des autres et de la société dans laquelle nous évoluons, avec la culture que nous partageons. En quelque sorte, les valeurs sont le socle de notre identité, de notre personnalité, même si nous n’en sommes pas toujours conscients. Elles sont en interaction avec les émotions et les besoins et elles interagissent avec les désirs. Certains désirs peuvent aller à l’encontre de nos valeurs.

La dépendance affective et la dépendance aux stimulants (alcool, drogues, etc.). Une dépendance se traduit par un besoin intense. Lorsque la personne répond à ce besoin, elle éprouve du plaisir (entre autres, par la dopamine). La dépendance affective est une dépendance à l’autre personne dans la relation de couple. Elle peut mener à du contrôle de l’autre.  La peur de l’abandon peut être la source de cette dépendance. Quant à la dépendance aux substances, il y a la dépendance physique qui implique l’organisme qui s’est habitué à une substance qui devient un besoin pour fonctionner et la dépendance psychologique qui est liée aux effets procurés par la substance ou le comportement ainsi qu’au contexte qui l’entoure. Chose certaine, toutes formes de dépendances minent la liberté de la personne.

La consommation. Pour un humain, il est normal de rechercher le bien-être par la réponse à ses besoins. La consommation permet de répondre à des besoins. C’est l’hyperconsommation qui devient un problème. Les spécialistes du comportement humain engagés par les multinationales poussent les consommateurs à consommer et à acheter au-delà de leurs besoins. Comment ? En créant les besoins matériels et symboliques, en agissant sur la motivation, sur le circuit de récompenses et sur les conditionnements.

Le travail et la carrière professionnelle. Dans la société actuelle, l’identité est souvent associée à l’activité professionnelle et au type de profession. En effet, le travail fait partie de notre identité. En plus d’avoir une fonction de production, il revêt une fonction de valorisation et d’intégration sociale. L’emploi permet de répondre à nos besoins fondamentaux. À la base, les revenus contribuent à répondre aux besoins d’alimentation, de logement et de sécurité. Si les conditions sont adéquates, le travail permet l’accomplissement de soi à l’échelle supérieure des besoins.

Le libre arbitre. Il peut être vu comme la capacité dont dispose l’être humain de se déterminer lui-même, d’agir indépendamment de toute contrainte, venant aussi bien de l’externe que de l’interne. C’est la capacité d’agir en étant la cause première de son action. Enfin, c’est de concevoir que l’être humain est responsable de ses prises de décisions, de ses choix entre le bien et le mal. Tout en acceptant un certain déterminisme dû à la génétique et à notre environnement, il reste une part de libre arbitre, de responsabilité de nos choix.

Annexe D
Les sous-systèmes de l’environnement

La famille. Plusieurs facteurs comme la culture, l’origine sociale et les événements de la vie influencent notre développement. Parmi eux, l’environnement familial, la façon dont les parents éduquent leurs enfants, les valeurs transmises, les modèles observés, le climat familial, les styles éducatifs. La famille est l’un des systèmes de l’environnement qui influence le plus le développement de la personne humaine. C’est une institution dont le rôle de la socialisation est central.

Le réseau social. Le réseau de relations familiales ainsi que le réseau de relations d’amitié constituent pour l’être humain un élément fondamental pour son bien-être et sa protection. Pourvu que ces réseaux soient dans une orientation positive.

L’éducation scolaire. L’école à pour but l’apprentissage et le développement des diverses facultés  chez les individus. Elle est l’un des lieux importants de transmission des acquis de la société entre les générations. C’est par ses activités de formation qu’elle crée un environnement dans lequel la personne s’approprie la culture de son milieu, développe sa compréhension du monde et du sens donner à sa vie.

La culture. Elle peut être conçue comme un ensemble d’idées, de coutume, de valeurs et d’agir que partage une société donnée. Le tout est plus ou moins formalisé, appris et partagé. Elle contribue au développement des personnes qui en font partie et forme une collectivité particulière.

La religion. Le terme religion a pour origine le mot latin religare, qui signifie « relier ». Ainsi, la pratique religieuse et la prière favorisent le rassemblement des individus et cultivent des valeurs morales semblables. De plus, elles disciplinent moralement les personnes et favorisent la stabilité sociale. Les textes religieux informent les fidèles sur le bon comportement à adopter en société et le respect à porter sur les autres et sur soi-même.  Malheureusement, dans bien des cas, la religion est biaisée par l’utilisation que les hommes en font pour des fins de domination, entre autres auprès des femmes.

L’environnement socio-économique. Le milieu dans lequel nous vivons joue un rôle de premier plan en favorisant ou en défavorisant l’expression du potentiel du bagage génétique dont on a hérité. Plus particulièrement, l’environnement socioéconomique contribue positivement ou négativement au développement des personnes. Les effets de l’environnement social sur le développement des personnes, sur la reproduction des classes sociales et sur l’égalité des chances, particulièrement en éducation sont reconnus suite aux nombreux travaux de recherche en sociologie.

Les gouvernements. Au provincial (Québec) il a pour mission et responsabilité de créer des lois (le législatif), de veiller à l’exécution des lois (l’exécutif) et de veiller à la justice. Il dispense des services à la population en ce qui concerne, la santé, l’éducation, la culture, la gestion des infrastructures, etc. Au fédéral (Canada) le gouvernement assume la responsabilité des affaires de portée nationale et internationale, entre autres de la défense, de la politique étrangère, du commerce et des communications entre les provinces, de la monnaie, de la navigation, du droit criminel et de la citoyenneté. L’approche peut être l’État providence ou  le Néolibéralisme. Offrir de multiservices ou laisser libre cours à la compétition capitaliste par une incitation à la consommation.

Le commerce, les multinationales et la consommation. Dans notre système capitaliste, afin de conserver un équilibre économique, tout pousse à favoriser la consommation par les messages publicitaires, le crédit (obtenez maintenant et payez plus tard), etc.

La révolution numérique. Cette révolution numérique et technologique s’est manifestée graduellement avec la télévision, l’ordinateur personnel, Internet, les médias sociaux, les outils numériques et technologiques. Cette culture numérique est un Nouveau Monde qui n’est ni magique ni maléfique, mais avant tout scientifique et technique. C’est une nouvelle réalité, les écrans font partie de notre quotidien : ordinateurs, téléphones intelligents, consoles portables, tablettes, tableau de bord dans les voitures avec écran tactile, etc. De plus, les activités sur ces supports sont multiples : films, musique, vidéos, jeux, applications et bien entendu, les réseaux sociaux. Le tout influence nos vies.

 

[1] L’utilisation de l’environnement dans ce texte signifie tout ce qui est extérieur à l’organisme humain : les événements, les expériences, les stimuli, l’éducation, la culture, la richesse, la pauvreté, etc.

[2] En référence à la théorie de Cyrille Barrette. La vraie nature de la bête humaine (2020).

5 réflexions au sujet de « Les violences, les impatiences et les frustrations dans notre société. Une tentative d’explication (Essai) »

  1. Un très beau texte, bien construit qui illustre bien les interactions entre les différents facteurs internes et externes de la personne. Bravo pour cette exploration.
    J’observe qu’en vieillissant, nous devenons moins patient, plus sujet à la frustration lorsque les choses ou événements ne se déroulent pas comme souhaités ou attendus et que l’on perd du temps pour y remédier ou corriger. C’est vécu comme une perte de temps et plus l’on vieillit, plus ce temps nous est précieux car compté. Il s’établit une espèce de corrélation entre impatience-frustration-colère de perdre son temps.

  2. Ce commentaire est de mon ami Simon Papillon.

    Pierre, ta réflexion montre fort bien la multitude des variables qui sont en jeu dans nos réponses existentielles. Je trouve tes propos splendides et d’une vision globale, pertinente et juste.

    Personnellement, je trouve très malheureux que les médias cherchent avant tout le sensationnalisme à l’aide des annonces de drames. D’une part, il y a de grands malheurs humains mais d’autre part il y a des événements très heureux qui surviennent et qui sont négligés par les médias. Pensons seulement aux belles découvertes scientifiques qui se réalisent continuellement, aux personnes qui guérissent de maladies sévères, de succès de nombreux universitaires, du bonheur des jeunes qui s’amusent avec grand bonheur en faisant du sport avec leurs amis, aux jeunes parents qui adorent prendre soin de leurs enfants, aux rencontres familiales chaleureuses, à ceux et celles qui sauvent des vies, à l’arrivée de belle nourriture fraîche, au plaisir de se procurer des biens, etc.

    Il faudrait que les médias soient tenus de faire la part des choses en nous informant.

    Ce seul changement modifierait nos émotions et nos propos et contribuerait à modifier notre humeur.

    C’est très malsain d’être baigné continuellement dans l’horreur.

    De plus, un certain nombre de constats contribuent à encourager la frustration.

    Il y a d’abord le SENTIMENT D’IMPUISSANCE: tout ce qui arrive au plan politique, économique et social. Nous ne pouvons, entre autres, qu’observer l’exploitation des multinationales.

    LA MONTÉE VERTIGINEUSE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE qui a, entre autres, comme conséquences une diminution significative des rapports humains et surtout d’entraide. Ce sont des machines qui nous donnent des services.

    Notre TROP GRANDE CONCENTRATION SUR NOUS. On veut être aimé, obtenir ce que l’on veut. L’enfant en nous resurgit souvent. Une capacité empathique diminue la frustration.

  3. Tout organisme agit en fonction de sa reproduction (transmettre ses gènes) et de sa survivance…avec plus ou moins d’agressivité…le plus fort assure une meilleure reproduction ,,,les femelles animales le savent et les mâles alpha aussi.
    Avons nous une double nature?
    Est-ce que la « bête «  humaine a une double nature???
    Peut-être triple: divine???le cerveau, siège de tout notre être est de quelle nature??

    Comportement ou personnalité … où est notre CONCIENCE??

    Et si le libre arbitre n’existait pas??
    La religion doit surtout punir nos comportements!!!!
    Contrôler les enfants des dieux!!
    Croire est une habitude dangereuse : il est plus facile de croire que de réfléchir!!!!

    La bibitte évoluée d’aujourd’hui
    est prétentieuse et malicieuse …comme celle d’hier et sans doute de demain…

    • Merci Claude pour cette réflexion.
      Pour moi le libre arbitre existe. Il est cependant limité. Comme je le dis dans le texte, on arrive à un moment à dire oui ou non. Bien entendu influencé par plein de choses: bagage génétique, épigénétique, personnalité, culture, etc.
      C’est une façon de présenter les choses, le fait d’avoir une double nature. Cyrille Barrette biologiste et éthologue développe cette thèse, d’autre chercheurs ne sont pas d’accord, ils avancent plutôt qu’on a une seule nature « humaine ».
      Il y a place à réflexion, depuis la nuit des temps les phi;losophes se cassent la tête avec ces questionnement. Depuis Socrate, Aristote etc.

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