Vieillir d’une façon sereine et teintée de bien-être

 

Ce texte se réfère au livre d’Olivier  DeLadoucette (2014). Le nouveau guide du bien vieillir. Éditions Odile Jacob (670 p). Ce chercheur en gérontologie est psychiatre à l’hôpital Pitié Salpêtrière et président de la fondation IFRAD pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Il est également professeur en psychologie du vieillissement à l’université Paris-V[1]. Ce texte, présente un compte rendu adapté de lecture de cet excellent Guide.

Le but que je poursuis est de mettre l’accent sur comment il est possible, tout en vieillissant, de mener une vie active et empreinte de bien-être. Dans ce compte rendu adapté de lecture, j’ai volontairement retenu les principaux aspects positifs du vieillissement et de des conditions pour bien vieillir.

Les différents types d’âge liés au vieillissement

L’âge lié au vieillissement varie selon le point de référence que l’on lui associe. Nous pouvons retrouver différents âges ayant différentes représentations du vieillissement: l’âge chronologique, comme d’avoir 70 ans qui correspond à l’âge à partir de sa date de naissance; l’âge des artères qui signifie l’âge biologique;  l’âge administratif (bornes des temps sociaux) qui dit qu’à 65 ans, c’est l’âge de la retraite;  l’âge des désirs qui est le fait de garder en soi suffisamment de complicité avec l’enfant que l’on fut; on n’a pas l’âge de ses artères, mais l’âge de ses désirs; l’âge social qui apporte un changement dans le statut social; l’âge de la jeunesse qui est le temps des apprentissages et des acquisitions; l’âge adulte, celui de la maternité ou du travail; l’âge de la vieillesse le temps de la retraite et du repos (17, 20).

La conscience de son vieillissement

C’est surtout à partir de 50 ans que l’on prend conscience qu’être en vie c’est précieux et que le temps nous est compté (11). Malgré le fait que l’on est conscient de changements progressifs dans notre corps, dans nos énergies, l’on ne réalise vraiment qu’on vieillit que lorsque les processus en cause affecteront sérieusement nos activités quotidiennes (19).

Avec les changements inhérents à l’avance en âge se produit alors graduellement une prise de conscience de sa propre finitude qui déclenche certains questionnements existentiels : Quel est le sens de ma vie? Quelle est la finalité? Comment accepter et comprendre ma disparition future? (171).

 

Les différents types de vieillissement

La recherche en gérontologie a fait ressortir trois types de vieillissement. Le Vieillissement normal qui correspond à une norme statistique de performance et d’activité pour un âge donné, en l’absence de maladie; le Vieillissement réussi (successful aging) qui se caractérise par une absence de maladie et une réduction des déficits liés au vieillissement avec une bonne adaptation aux transformations physiques et sociales dues à l’âge, ce sont des personnes âgées, heureuses, en bonne santé et satisfaites de leur existence; et enfin, le Vieillissement pathologique qui s’accompagne de maladies liées à l’âge, mais aussi non dues à l’âge (20).

Toujours selon les études en gérontologie, les personnes qui vieillissent avec succès possèdent en commun trois particularités fondamentales :

  • Elles présentent très rarement des maladies, en particulier celles qui sont susceptibles d’entrainer des pertes d’autonomie;
  • Elles maintiennent un niveau d’aptitudes intellectuelles et physiques élevé;
  • Elles sont satisfaites de leur vie et conservent de bons investissements sociaux (539).

Il existe dans notre société moderne, avec la venue des baby-boomers, les progrès de la médecine et l’augmentation de l’espérance de vie, une promotion d’une idéologie du vieillissement, celui du vieillissement suractif qui se voudrait le « modèle des vieillissements ».  

Cette promotion d’une vieillesse très active nous exhibe des nouveaux retraités qui font des marathons, grimpent les montagnes, sautent en parachute, font l’amour (avec ou sans viagra), réalisent des voyages en Chine et au Tibet tout en ayant une bonne pension, une bonne santé, de nombreux petits enfants qu’ils gardent régulièrement. OUF! (c’est de moi le OUF).

Cette conception de la réussite du vieillissement par le maintien ou la création d’activités à un rythme aussi soutenu que celui d’un adulte d’âge moyen peut convenir à certaines personnes, mais n’est pas réaliste pour la plupart des personnes vieillissantes. Cette hyper promotion par la publicité et les médias sociaux peut à la longue avoir des effets pervers sur une grande partie des personnes âgées qui faute des possibilités physiques, sociales, financières, intellectuelles ou autres, ne peuvent rester dans la course. De même, ceux qui aspirent à profiter plus tranquillement de la vie pourraient se sentir rejetés, car non conformes à l’idéologie en cours. Ce vieillissement suractif est une idéologie centrée sur le « faire » et « l’avoir » au détriment de sur « l’être » (162). C’est un choix de vie, mais pas nécessairement en soit le plus épanouissant.

 

Le bien-être et le vieillissement

Ce qui est important avant tout, c’est de vieillir en se sentant bien. Ne pas se laisser influencer par les pressions sociales qui prônent une idéologie du vieillissement « actif », « productif ». Que notre style de vie de personne âgée corresponde à nos désirs, nos valeurs, nos aspirations et non à la pression sociale du modèle « supposément idéal ».

L’on défini le bien-être comme pouvant être considéré comme un sentiment agréable qui résulte du fait d’être bien (154).

Selon plusieurs études, le degré de satisfaction par rapport à la vie varie peu en vieillissant, quel que soit le nombre d’années. Lorsque le sentiment de bien-être est évalué en fonction de la satisfaction à l’égard de la vie, il est préservé, voire accru avec l’avance en âge (155).

Les critères qui sont habituellement associés au bien-être chez les personnes âgées sont les suivants :

  • La personnalité et la santé sont des variables déterminantes du bien-être (155).
  • En ordre de rang d’importance. L’on retrouve : la santé, les considérations familiales, les problèmes économiques, le statut social et les conditions politiques (154).
  • La perception subjective de l’état de santé est la variable la plus fortement corrélée au bien-être des personnes âgées (156).
  • Le bien-être est capable d’épouser parfaitement les besoins et les moyens individuels au fur et à mesure de leur évolution (159).
  • Le vieillissement réussi (dans le bien-être) est l’aptitude d’un individu à maintenir trois comportements fondamentaux : éviter les maladies, maintenir un haut niveau d’activité intellectuelle et physique, rester engagé dans la vie (540).
  • Appartenir à un réseau relationnel, familial, amical ou social représente un des facteurs de santé et de longévité les plus fiables (543).
  • Ce n’est pas tant la diversité ni l’importance des rôles sociaux qui comptent dans les activités, mais la satisfaction personnelle qu’elles procurent (544).
  • Le sentiment d’utilité demeure un critère important pour avoir un sentiment de réussite et de bien-être (544).

Le vieillissement réussi est-il réservé seulement aux personnes en bonne santé?

La réponse c’est non! Certes, il est préférable de conserver le plus longtemps possible une bonne santé (intégrité corporelle), toutefois, il faut faire attention à la dérive du vieillissement réussi et disqualifier les individus qui n’auraient pas maintenu dans leur vieillesse des capacités physiques suffisantes (546).

La santé est une condition non obligatoirement, nécessaire et jamais suffisante pour réussir son avance en âge, et certains individus âgés malades conservent, malgré tout, une grande vitalité (539).

Il existe des personnes très âgées qui malgré des conditions d’existence difficiles, continuent à prendre plaisir à la vie. C’est la capacité d’adaptation et non l’existence ou l’absence d’un handicap qui détermine alors la qualité du vieillissement (547).

La générativité, la sérénité et la sagesse

Pour atteindre la sagesse et la sérénité lors du vieillissement, il faudra en arriver à comprendre et accepter les choix et les expériences qui ont fait notre vie. Accepter sans anxiété la perspective d’une fin prochaine (la finitude). Cette étape est le moment où, au terme d’une longue évolution, à la lecture des expériences positives et négatives du passé, il devient possible d’être ce que l’on est, d’affirmer une identité propre en dehors des repères sociaux, de donner un sens à sa vie et de mieux accepter l’idée de sa fin (126-127).

Pour parvenir à cet ultime degré de développement humain, il faudra accepter le bilan de son existence, en particulier ses choix de vie, assumer la responsabilité de ses échecs comme de ses réussites, et conserver sa dignité et son estime de soi. À cette étape, il y aura un intérêt détaché pour la vie et une acceptation de l’idée de sa propre finitude (180).

Conclusion

Vieillir peut se voir et surtout se vivre d’une façon intéressante en éprouvant du bien-être et de la sérénité. L’état d’une bonne santé, bien que souhaitable, n’est pas une condition essentielle. Ce qui semble ressortir des études en gérontologie sur le bien vieillir c’est avant tout la capacité d’utiliser les bonnes stratégies d’adaptation aux changements (physique, affectif, sociaux); rester actif physiquement, intellectuellement et dans ses relations sociales; avoir des projets de vie qui donnent un sens à sa vie et à son sentiment d’utilité. Enfin, s’ajoute à ces quelques conditions l’importance de développer une vie spirituelle qui permet de dépasser la seule centration matérialiste et consommatriste.

 

 

[1] Les numéros entre parenthèses réfèrent à la page du volume de DeLadoucette.

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