Qui sommes, nous, nous les humains? (synthèse intégrative – chapitre 18)

Voici le chapitre 18, la synthèse intégratique de mon livre Qui sommes-nous, nous, les humains?
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Chapitre 18

 Essai de synthèse intégrative

Nous sommes… d’une complexité magistrale…

 

« Le développement d’un monde intérieur toujours plus riche nous a donné un nombre croissant de facultés cognitives. Cela a conduit à l’évolution du langage, à une transmission du savoir de plus en plus avancée de génération en génération et enfin à la culture. La plupart des caractéristiques purement humaines proviennent fort probablement des mécanismes de nos mondes intérieurs » (55).

En m’inspirant de l’expression du grand auteur Hans Küng[1], je tente ici de développer une synthèse systématique, globale, cohé­rente et conduite de manière unifiée dans tous ses détails.

Nous avons ensemble, chère lectrice et cher lecteur, parcouru un long cheminement jalonné d’informations scientifiques, d’analyses et de réflexions afin de tenter de répondre à cette grande et profonde question : Qui sommes-nous, nous les humains ? De nombreuses réponses se sont présentées tout au long de ce parcours, mais plusieurs questionnements fondamentaux n’obtiennent pas de réponse. La science au sujet de ces questions n’a pas actuellement de réponse. Parfois, elle émet des hypothèses et d’autres fois elle reste silencieuse considérant que ce n’est pas de son ressort.

Ainsi, il n’y a pas de réponse concernant la naissance de l’Univers et la création de la vie sur Terre, mise à part la théorie du Big Bang, expliqué par certains scientifiques comme un phénomène dû au hasard. Pour expliquer cette naissance de l’Univers et de la Vie, les scientifiques font référence à d’autres lois émises par la physique quantique. Ces lois ont une autre perspective quant aux dimensions du temps et de l’espace. Une autre limite de la science et de la réponse à notre question, c’est la grande difficulté à expliquer ce qu’est l’esprit et la conscience. S’ajoute à ces limites de la science, et ce, malgré le très grand nombre de travaux de recherche sur les origines de l’espèce humaine, la difficulté à définir ce qu’est l’être humain. Comment se distingue-t-il vraiment des autres « espèces » comme les chimpanzés, les bonobos. 

Heureusement, le cheminement entrepris nous a offert de nombreuses réponses à notre question : Qui sommes-nous ? Alors, voici un essai de synthèse intégrative de l’ensemble du parcours qui a consisté à mieux nous connaître et à tenter de répondre à la question de départ : Qui sommes-nous, nous les humains ?

***

Nous vivons sur la planète Terre dont notre soleil et les étoiles proches font partie d’un vaste ensemble la Voie Lactée qui elle-même fait partie de milliards d’autres galaxies. Cet univers date d’environ 13,8 milliards d’années et notre planète Terre d’environ 4,55 milliards d’années.

La vie sur terre est apparue [2] il y a environ 3,6 milliards d’années et c’est l’ADN (Acide désoxyribonucléique) qui constitue l’élément clé de la vie qui serait issue de la « soupe chimique » des océans de la Terre. Les atomes qui composent les organismes vivants auraient pour origine une supernova qui a explosé et de gaz interstellaires. Ainsi nous serions issus de poussière céleste comprenant, entre autres, le carbone, l’hydrogène, l’oxygène et l’azote.

Nous sommes des Homo sapiens qui avons vu le jour sous sa forme moderne il y a 120 000 ans et comme humain, nous appartenons à l’espèce qui s’appelle les hominidés et notre sous-famille se nomme Homo, soit Homo sapiens. C’est par l’évolution qui résulte, entre autres, de l’interaction entre la sélection naturelle et la sélection sexuelle que s’explique notre origine. L’évolution des espèces serait le résultat à la fois de la compétition entre individus (sélection naturelle) et des modifications de l’environnement. Ce processus d’évolution a duré quelque 7 millions d’années.  

Nous nous distinguons des autres espèces, et ce, malgré le fait qu’on a de la difficulté à définir ce qu’est l’humain. Nous nous distinguons, entre autres, par notre bagage génétique (quelques pourcentages de différence avec les grands singes), notre néocortex très développé, notre capacité de conscience supérieure, le raffinement de notre langage et de la culture.

Notre corps, comme les autres mammifères, se compose d’organes, de système et de processus biochimiques complexes. Ces diverses composantes participent au maintien en vie de l’organisme (en équilibre homéostatique) qui actuellement peut atteindre les 80 ans et plus. Cet organisme qu’est le nôtre se compose également d’un bagage génétique qui influe sur tout notre développement physique et psychologique dépendamment de son interaction avec notre environnement (l’épigénétique).

L’orchestration de notre vie physique et psychologique se fait grâce à notre système nerveux et à notre cerveau. Ils sont au centre de la régulation et de la communication de notre organisme, ils reçoivent l’information, la traite et l’interprète puis fournissent la réponse motrice qui active des muscles ou des glandes. Plus particulièrement notre cerveau est l’organe qui nous permet d’atteindre une conscience supérieure grâce, entre autres, à notre néocortex, à réaliser des activités intellectuelles et à ressentir des émotions. Faisant partie du cerveau, le système limbique, hérité de nos ancêtres lointains, contrôle nos réactions instinctives et émotionnelles (peur, colère, plaisir) et les associe aux zones les plus évoluées du cerveau, le cortex cérébral. C’est lui qui a la charge de surveiller l’environnement lorsqu’il détecte un danger ou une opportunité exceptionnelle pour la survie. Un autre système important de notre cerveau est celui de la récompense et de la punition qui soutient nos motivations. 

Nous sommes des êtres de pensée et de conscience. Nous savons que nous savons et que demain existera, car nous avons cette capacité de réfléchir sur ce qui est ressenti, vécu, de le situer dans le temps (le passé, le présent et le futur). Nous sommes capables d’introspection. Nous sommes dotés d’un deuxième niveau de conscience, la conscience supérieure qui appartient à l’être humain. 

Nous sommes des êtres d’apprentissage et d’adaptation. C’est cette grande capacité d’apprentissage et d’adaptation qui a permis à notre espèce de survivre. Nous apprenons constamment en alliant à notre bagage génétique le développement d’un savoir d’expérience qui intègre tous les types de savoirs (théoriques, savoir-faire, savoir-être). La génétique et l’expérience interagissent et influencent notre développement.    

Nous sommes des êtres de motivation et d’émotions. C’est le ressenti de nos besoins fondamentaux de survie et de développement qui est à la base de nos motivations. Celle-ci devient une énergie dynamique tant psychologique que physique qui facilite notre engagement à répondre à nos besoins. Les émotions pour leur part, permettent de ressentir un état de bien-être ou de malaise et ainsi nous informent sur ce qui se passe dans notre vie et autour de nous, tout en communiquant aux autres ce que nous ressentons. Ce sont nos émotions qui nous révèlent si nos besoins sont satisfaits ou non et jusqu’à quel degré.

Nous sommes des êtres imprégnés de valeurs et de croyances qui orientent nos vies et contribuent à y donner un sens. Les valeurs et les croyances font partie de notre personnalité et orientent nos prises de décision ainsi que nos comportements. Les valeurs sont en lien avec la réponse à nos besoins, elles contribuent à notre identité, justifient nos comportements, nous servent de norme de référence. Les croyances, elles, sont associées à nos valeurs et représentent ce que nous pensons être la vérité (je crois que…). Elles nous permettent une économie d’énergie en appuyant nos décisions ou nos actes de tous les jours sur ce que nous croyons être vrais. 

Nous sommes des êtres dotés d’une personnalité qui représente notre identité et la synthèse de qui nous sommes. Issue en partie de notre héritage génétique et de nos expériences de vie, la personnalité se caractérise par une force interne qui détermine comment nous allons ressentir les émotions, comment nous allons penser et nous comporter. Cette façon d’être s’exprimera par des traits de tempérament et de personnalité sur un continuum de l’extraversion, du névrosisme, de l’agréabilité et l’amabilité, de l’esprit consciencieux et de l’ouverture à l’expérience.

Nous sommes des êtres de famille et nous nous développons par l’entremise de l’éducation familiale et de l’éducation scolaire. La famille est l’un des systèmes de l’environnement qui influence le plus le développement de la personne humaine, de sa personnalité.

Dans la famille, les parents et les grands-parents transmettent une partie de leur bagage génétique à leurs enfants et leurs petits-enfants. Sans concevoir ce bagage génétique comme un « déterminisme » rigide, mais plutôt associé à l’influence de l’environnement. L’éducation familiale permet aux enfants et aux adolescents d’apprendre les diverses valeurs familiales et sociétales de la culture dans la société où ils vivent.

La richesse ou la pauvreté de notre environnement facilite ou nuit à notre développement. L’environnement dans lequel nous vivons peut nous favoriser ou au contraire nous défavoriser. Lorsqu’on vit en milieu favorisé, nous profitons des effets positifs du Cercle vertueux, le contraire peut se produire si nous sommes dans un environnement défavorisé en subissant les effets négatifs du Cercle vicieux. Les conséquences positives ou négatives peuvent toucher la santé physique et psychologique, le climat du milieu familial, la qualité de l’éducation scolaire, la justice et l’orientation des projets de vie.   

La culture et les révolutions culturelles, dont la révolution numérique, conditionnent notre vécu. La culture qui fait partie de la société où nous vivons contribue à façonner notre personnalité en proposant des modèles à suivre, des modes de pensées et des façons d’exprimer nos sentiments.    Les valeurs collectives, qui font partie de notre culture, sont des repères normatifs qui prescrivent ce qui est acceptable ou non comme comportement. Dans la réalité actuelle de notre culture, une révolution dite numérique et technologique transforme toutes les facettes de notre vie humaine, celle du travail, du loisir, de notre rapport au temps et à l’espace.

Parmi nos motivations d’être humain, la quête du bonheur et la quête de sens prennent une place fondamentale. La recherche du bien-être et du bonheur deviennent un incontournable pour la plupart des êtres humains. Le potentiel génétique, les processus neurobiologiques, les traits de personnalité, certaines valeurs et les caractéristiques de l’environnement sont les principaux facteurs qui vont favoriser ou défavoriser l’accès au bonheur. Enfin, le sens donné à sa vie et la spiritualité seront des éléments contributifs au bonheur.

En terminant cette synthèse, je vous présente comment Robinson (2010) (115) contribue à cette synthèse par sa vision du le vécu de la personne humaine :

« (…) Des bébés auront une constitution physique vigoureuse ; d’autres seront plus intelligents que la moyenne ; d’autres encore plus doués sur le plan artistique. Aucun ne possèdera tous les dons dans tous les domaines. Toute leur vie, où qu’ils aillent, ils porteront deux sacs sur le dos. Le premier contiendra leur bagage culturel : les limites imposées par leur époque, leur pays et la culture au sein de laquelle ils sont nés. Dans l’autre se trouvera leur bagage psychologique : les limites imposées par leurs gènes, leur éducation et les événements qui les ont affectés. Ils pourront alléger quelque peu leur charge, mais ne pourront jamais marcher sans ces sacs. Chaque personne doit avancer le plus loin possible, malgré ses limites, sur la route qui conduit à devenir l’individu unique qu’elle est capable d’être ». 

Le tableau 6 présente les principaux éléments de la synthèse intégrative.

 Tableau 6. Principaux éléments de la synthèse intégrative

o    Ce lieu où nous vivons

o   Nous vivons sur la planète Terre qui existe depuis 4,5 milliards d’années et qui se situe dans l’Univers qui existe depuis 13,8 milliards d’années

o   La vie sur terre est apparue il y a environ 3,6 milliards d’années

o   Ce qui nous caractérise

o   Nous sommes des Homo sapiens, issus de l’espèce hominidés,

o   Nous nous distinguons des autres animaux par notre néocortex, notre conscience supérieure, notre langage et notre culture

o   Notre corps de mammifère se compose d’organes, de systèmes et de processus biochimiques complexes,

o   L’orchestration de notre vie physique et psychique se fait grâce à notre système nerveux et à notre cerveau,

o   Nous sommes des êtres de pensée et de conscience

o   d’apprentissage et d’adaptation,

o   de motivation et d’émotions,

o   imprégnés de valeurs et de croyances,

o   dotés d’une personnalité.

o   Parmi nos motivations d’être humain, la quête du bonheur et la quête de sens sont fondamentales.

o   Ce qui nous entoure

o   Nous sommes des êtres de famille et nous nous développons par l’entremise de l’éducation familiale et de l’éducation scolaire,

o   La richesse ou la pauvreté de notre environnement facilite ou nuit à notre développement,

o   La culture et les révolutions culturelles dont la révolution numérique conditionne notre vécu.

 

[1] Hans Küng (1928- ), philosophe et grand théologien m’inspire par la sagesse de ses propos sur l’humain et la religion ainsi que sur la beauté, la précision et la clarté de son écriture.

[2] Il n’y a pas de réponse scientifique satisfaisante pour savoir où la vie est apparue, ni trop comment exactement.

Références

(55) Gardenfors, P. (2007). Comment Homo est devenu Sapiens. Sur l’évolution de la pensée. Éditions Sciences Humaines

(115) Robinson, G. (2010). Le pouvoir déviant. Les abus dans l’Église catholique.  Novalis.

 

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