Cet article est un extrait de mon livre Élève à risque d’échec scolaire. Un regard sur la résilience et les facteurs de protection. Collection psycoéducation. Béliveau Éditeur. ( 018)
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L’estime de soi correspond à une autoévaluation. C’est l’appréciation que l’on a de soi, positive, négative, réaliste ou irréaliste. Elle se construit par l’expérience, par les résultats des apprentissages dans tous les domaines. Seligman (2013) mentionne que l’estime de soi est un sous-produit de la réussite, et qu’une fois qu’elle est ancrée chez un enfant, elle suscite encore d’autres réussites. Ce chercheur insiste sur le fait que l’estime de soi est une conséquence, et non la cause de cette maîtrise et de cette réussite. C’est pour cela qu’elle ne s’enseigne pas directement. Elle s’acquiert par l’expérience. Elle se construit aussi par les rétroactions reçues de l’entourage (parents, enseignants, pairs, employeurs, etc.) en relation avec les activités réalisées. L’estime de soi idéale est positive et réaliste. Elle sera une alliée de la résilience lors de coups durs. Les élèves en difficulté scolaire ont tendance à avoir une estime de soi négative, ce qui peut nuire à leur confiance en soi, à leur persévérance ainsi qu’à leur résilience.
Seligman (2013) nous met en garde contre une approche à éviter concernant l’estime de soi. Cette approche met l’accent sur la manière dont l’enfant se sent, au détriment de ce qu’il fait (maîtrise, persévérance, surmonter la frustration et l’ennui, relever des défis). Centrée sur les sentiments, cette approche nuit au développement de l’enfant en lui envoyant des messages positifs souvent irréalistes, non fondés sur la réalité des activités réalisées. Elle ne permet pas à l’enfant de commettre d’erreurs ou d’être en situation d’échec. Elle le renforce sans qu’il le mérite réellement. Elle utilise des phrases creuses comme : « Tu es un être spécial, bravo… Tu es unique… » Les enfants apprennent rapidement à ne pas tenir compte de ces flatteries si elles ne s’appuient pas sur la réalité.
L’approche que Seligman préconise provient de la psychologie positive qui se préoccupe d’aider l’enfant à réussir et à être conscient de la relation réelle entre les moyens qu’il prend et les résultats obtenus. On cherche à développer une estime de soi positive, mais réaliste. Dans le processus d’apprentissage et la construction de l’estime de soi, l’erreur, l’échec et la frustration font partie de la normalité. Seligman (2013) souligne qu’il est important que l’enfant apprenne à leur faire face. Il y apprend à fournir des efforts et à persévérer malgré l’adversité. Ce sont, entre autres, ces apprentissages avec un aboutissement vers la réussite qui permettent le développement de la résilience.
L’estime de soi se construit aussi dans le cadre de relation de bienveillance, par la connaissance de soi et les encouragements, mais aussi par des remarques constructives qui donnent l’heure juste. Comme le mentionne Rousseau (2010), elle se construit surtout par l’accumulation d’expériences variées adaptées aux capacités de la personne, de défis qui l’amènent à se dépasser et par les réussites découlant de ses réalisations. Dans l’approche de l’estime de soi que préconise Seligman (2013), le bien-être que ressent l’enfant arrive en second, après l’effort, la persévérance et la réussite. L’accent n’est pas mis sur le sentiment de bien-être, car celui-ci est considéré comme une conséquence, un effet à la suite de l’action de l’enfant.
Tant en milieu scolaire qu’en milieu familial, on recommande de se préoccuper du développement de l’estime de soi. Il faut mettre l’accent sur les forces, les habiletés, les talents du jeune et lui permettre de les exploiter, et ce, dès le jeune âge et par la suite, à l’adolescence. On n’inculque pas l’estime de soi par des paroles, des encouragements, mais avant tout par l’expérience de la réussite.
Comme le préconise l’approche psychoéducative l’intervention consistera à montrer à l’enfant à réfléchir sur ce qu’il est, à identifier ses forces, ses vulnérabilités, ses principaux talents ainsi que ses champs d’intérêt. Son estime de soi augmentera à la condition qu’il soit invité à s’arrêter pour constater quelles sont ses réalisations, pour reconnaître ce qui lui appartient dans ses réussites et pour en être conscient (lieu de contrôle interne). Il ne faut pas oublier que l’estime de soi est étroitement liée à la perception et aux rétroactions des autres sur ses réalisations (parents, enseignants, adultes, pairs). L’intervenant doit s’assurer que les commentaires et les rétroactions de l’environnement soient constructifs et respectent la réalité (ne pas exagérer en positif ou en négatif).
Référence
Seligman, M. E.P. (2013). L’école de l’Optimisme. Développer la résilience chez l’enfant. Les Éditions de l’Homme.
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L’estime de soi – extrait
Léandre Bouffard (2019). Homo Beatus. Petite somme sur la science du bonheur. Les éditions Percée. 301 pages. (Bonheur – LB – 2019 p. ).
L’estime de soi basé sur des accomplissements … il ne s’agit pas de construire une fausse estime de soi, comme le propose certains ouvrages de « pop psychologie » qui encouragent plutôt le narcissisme… éviter de gonfler artificiellement l’égo des enfants. Les études de l’équipe de Baumeister (2003) ont démontré que ce n’est pas l’estime de soi qui favorise le succès à l’école, mais que ce sont les bonnes notes qui rehaussent l’estime de soi par la suite 9(p. 158)
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Voici un article qui démontre qu’avoir une vision positive même irréaliste est plus favorable aux apprentissages et à la motivation qu’avoir une vision négative irréaliste de soi. Personnellement je reste avec la conviction qu’il est préférable de favoriser le développement positif réaliste de l’estime de soi
http://rire.ctreq.qc.ca/2018/04/se-croire-meilleur-ou-moins-bon/