Le plaisir, la consommation…

Dans ce  texte j’analyse l’importance accordée, à notre époque (2015), au plaisir et à la consommation. Le tout bien soutenu par le système  économique capitaliste qui se nourri essentiellement de la dépendance de la population à consommer. Avant d’aborder ma réflexion sur le plaisir et la consommation, il est important de bien comprendre comment fonctionne notre organisme au niveau neuropsychologique. Pour ce faire je me réfère à mon livre Comprendre l’apprentissage pour mieux éduquer (Potvin, 2015) Béliveau éditeur.  Deux thèmes sont alors pertinents: le cerveau et le circuit de récompense et la motivation générale à l’émission d’un comportement.

Le cerveau et le circuit de récompense

Afin de favoriser la survie de l’espèce, la nature a prévu de nous récompenser lorsqu’on assumait nos fonctions vitales, comme se nourrir, réagir à l’agression et se reproduire. Au cours de l’évolution de notre espèce, se sont développées dans notre cerveau des régions dont le rôle est de récompenser l’exécution de ces fonctions vitales par une sensation agréable (le plaisir, la sensation de satisfaction lors de la réponse à un besoin).

Ce processus de récompense, ou de renforcement, lors de la réalisation de nos comportements est fondamental, puisqu’il favorise la reproduction ou la répétition de nos comportements. Il est indispensable à notre survie, car il nous fournit la motivation nécessaire à la réalisation des actions ou des comportements qui nous protègent et nous permettent de survivre.

Ce système est un véritable circuit de la récompense qui s’est développé afin de favoriser les comportements reliés, au départ, à nos besoins fondamentaux. Un circuit de la récompense situé au cœur de notre activité mentale et qui oriente nos comportements. Avec le temps, ce circuit s’est graduellement élargi à l’ensemble de nos apprentissages et à l’ensemble de nos besoins non nécessairement vitaux, permettant de nous inciter à répéter les expériences plaisantes apprises au cours de notre vie. C’est un système de connexions nerveuses, dont le messager chimique qui assure la connexion entre ces neurones est la dopamine.

Malheureusement, ce processus de récompense et de gratification peut aussi jouer en notre défaveur, lorsque nous développons des habitudes de vie néfastes pour notre santé physique ou psychologique et qui sont renforcées par le circuit de récompense*. C’est le cas par exemple des pratiques excessives liées à l’habitude de fumer, aux jeux de hasard, à la consommation de psychotropes ou encore au sexe.

La motivation générale à l’émission d’un comportement

La motivation fondamentale ou primitive de l’organisme se caractérise par la réponse à un besoin physiologique essentiel à sa survie ou vital, comme c’est le cas de la faim, de la soif, du sommeil. L’incapacité de répondre à ce type de besoins vitaux met en cause la survie de l’individu.

Un besoin représente un manque dont la présence est ressentie comme indispensable (besoins physiologiques) à la vie, sinon très important (besoin d’estime de soi). Le besoin, c’est l’écart entre ce qui existe présentement et ce qui est nécessaire ou souhaitable. C’est dans ce sens que la motivation générale à l’émission d’un comportement est dictée par la nécessité ou non de répondre à un besoin. La motivation est présente à plusieurs niveaux puisqu’elle tend à répondre à divers besoins en interaction :

  • les besoins biologiques (faim, soif, sommeil,etc.) ;
  • les besoins appris (télévision, voiture, médias sociaux, etc.) ;
  • les besoins symboliques (prix, l’argent, les honneurs, etc.) ;
  • les besoins cognitifs (intérêt, découverte, etc.).

L’une des fonctions de la motivation sera de répondre à des besoins qui auront pour conséquence de motiver le comportement de l’individu qui cherche à combler un besoin matériel ou psychologique.

On doit à Maslow (1908-1970) l’une des théories sur les besoins, celle de la hiérarchie des besoins. Ce chercheur a identifié cinq besoins fondamentaux qu’il considérait comme hiérarchisés, c’est-à-dire qu’un besoin de niveau supérieur ne pouvait, selon lui, s’exprimer que lorsqu’un besoin immédiat ou inférieur avait été satisfait.

Les besoins d’ordre inférieur

  • Besoin physiologique ou biologique : besoins vitaux comme boire, manger et dormir ;
  • Besoin de sécurité : besoin de protection, de stabilité, de tranquillité et d’équilibre sur le plan matériel, dans la vie quotidienne comme dans les relations interpersonnelles ;
  • Besoins sociaux : besoin d’amour, d’affection ; besoin d’appartenance à un groupe et à une collectivité;

Les besoins d’ordre supérieur

  • Besoin d’estime : besoin d’être reconnu, respecté et estimé, d’avoir du prestige ; besoin d’être fier de soi, de se sentir compétent et maître de sa destinée ;

Besoin de réalisation de soi : de s’épanouir, de développer ses talents et de les mettre à profit de la manière la plus créative possible.

Réflexions sur le plaisir et la consommation

On constate qu’au départ notre organisme (notre cerveau) est doté d’un système de récompense qui nous aide à assumer nos fonctions vitales de survie. Ce système de récompense avec le temps ne s’est pas limité aux fonctions vitales (survie). En effet, comme humain « intelligent » nous avons développé la faculté d’exploiter ce système de récompense afin d’en tirer les bienfaits, soit le plaisir

  • plaisir de la table (bons  plats, bon vins, etc.)
  • plaisir du divertissement (spectacles, musiques, etc.)
  • plaisir sexuel (autre que se reproduire)
  • plaisir du jeu

À ce système de récompense s’ajoute la motivation et les besoins.  Encore ici, on a dépassé largement les besoins fondamentaux, soit physiologique, de sécurité, d’amour et d’estime pour répondre à des besoins « appris » (consommation)

  • besoin d’argent pour consommer
  • besoin de beaux habits, bijoux (pour faire l,envie des autres) ou afficher son pouvoir
  • besoin de techno (téléphone intelligent, tablette, etc.)
  • besoin d’une belle maison, belle auto
  • besoins…

Pour bien comprendre pourquoi à notre époque il y a un « excès » de recherche du plaisir et de la consommation, il faut alors ajouter au système de récompense de notre organisme et à la motivation (les besoins) la question des conditionnements. Les conditionnements, particulièrement le conditionnement classique (pavlovien) entretient nos comportements d’une façon inconsciente (automatique).

À suivre…

Le système économique capitaliste

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