Le génie des leçons de Boscoville

Cher lecteur, à ma connaissance, vous ne trouverez nul part ce type d’analyse de Boscoville et du processus de rééducation avec les fondements de la psychoéducation « naissante »

Préambule

Mon expérience de psychoéducateur et d’éducateur physique à Boscoville fut des plus importantes dans l’établissement des bases de ma vision de l’être l’humain. Boscoville était un modèle en rééducation d’adolescents délinquants durant les années 1960 et 1970 et je faisais partie de la grande équipe qui avait la chance de vivre cette expérience unique. Un milieu d’expérimentation, alliant la théorie et la pratique, l’université et les praticiens. Un milieu éducatif par excellence pour des adolescents. Un milieu qui offrait une éducation et une rééducation complètes, par l’entremise, entre autres, d’activités physiques et sportives, culturelles, scolaires. Cette expérience était influencée par la psychoéducation et Gilles Gendreau.

Les leçons de Boscoville

Ces leçons sont issues de mes réflexions suite à l’expérience de Boscoville et du regard que j’y applique quelque 40 ans plus tard, à la lumière de mon savoir issu de la recherche et de mon savoir d’expérience.

Note: les leçons ne sont pas présentées en ordre de rang d’importance.

Leçon 1 la relation

La relation éducateur jeune est fondamentale dans le processus de rééducation. Cette relation doit permettre de développer une lien de confiance et d,attachement. Ce lien n,a pas la même force avec tous les jeunes et tous les éducateurs. mais chaque jeune doit en arriver à établir une lien de confiance avec au moins l,un des éducateurs de l’unité.

Leçon 2 croyance dans le potentiel des jeunes

Malgré la sévérité des difficultés de certains jeunes, tous peuvent en arriver à se développer au point de pouvoir vivre d’une façon adaptée dans la société. Il n’y a pas de jeunes « irrécupérables ».

Leçon 3 la rééducation est un long processus

Éduquer un enfant, un adolescent est une question d’années. La rééducation d’un jeune qui présente des problèmes graves d’adaptation demande plusieurs années de « reconstruction ». Il n’y a pas de thérapie brève pour la rééducation.

Leçon 4 la personnalité de l’éducateur

La personnalité de l’éducateur demeure son outil fondamental le plus précieux avec une formation universitaire de haut niveau. Considérant que l’éducateur doit interagir avec des jeunes qui ont développé des mécanismes d’adaptation inadéquat et que ces jeunes auront tendance à reproduire les dynamiques dans lesquels ils se sont développés,l’éducateur doit être immunisé contre de nombreux pièges qui peuvent survenir en cours de processus de rééducation (pièges relationnels). Pour cette raison, l’éducateur doit avoir développé une connaissance et une conscience de soi à toute épreuve. Habituellement pour y arriver il faut entreprendre durant quelques années une psychothérapie.

Note: durant les années 1970 les éducateurs, dans le cadre de leur formation, devaient vivre une psychothérapie durant quelques années.

Leçon 5 le milieu, l’environnement éducatif

Le processus de rééducation est avant tout tout un processus d’éducation de haut niveau, d’apprentissage continue à tous les niveaux. Favorisant le développement des savoirs et des compétences au niveau des toutes les sphères:

  • cognitive – la scolarisation – matières de base (français, mathématiques, langue seconde). Utilisant une approche individualisée, systématique, active
  • artistique et culturel – expression picturale, poterie; par la pédagogie des projets – théâtre et cinéma – le livre et la reliure, etc
  • santé physique – éducation physique et sports – à tous les jours –
  • relationnelle – habiletés sociales – développement de relation interpersonnelle et de groupe
  • éthique et morale –
  • vie citoyenne
  • etc.

L’ensemble de tout le milieu Bocovillien est pensée, orchestré, animé pour favoriser le développement de chaque jeune par de multiples apprentissages. C’est un « laboratoire » de développement et d’apprentissage.

Afin de favoriser le transfert des apprentissages, le milieu a été pensée à l’image de ce qu’était la société de l’époque- mêmes activités scolaires, même types de sports, branché sur l,actualité par les projets, vivre dans de petites unités semblables à la famille et dans une ville avec son système politique.

Note critique: malheureusement, ce système n’était pas suffisant pour favoriser le transfert des apprentissage lors de la fin de séjours du jeune en internat. Il était alors confronté à un complexe de stimuli qui pouvaient faire resurgir d,anciens ^patrons de comportements. Il aurait fallu à l,époque accentuer la fréquence d’intégration, de sorties, etc. Cependant, le virage milieu des années 90, selon moi, n’était pas mieux.

Leçon 6 L’activité psychoéducative

L’activité psychoéducative était au cœur du processus de rééducation. Tout ou presque passait par les activités. Chaque activité (scolaire, art, activités physique, etc) poursuivait un double but: un but éducatif (s’instruire, développer ses compétences sportives, sa créativité, etc) et un but psychoéducatif. Le but psychoéducatif se réalisait par l,entremise des « événements naturels » qui se produisaient dans le cadre du vécu des activité (exemple: au niveau scolaire : gérer la difficulté d’un blocage dans un apprentissage – en sport, le respect des règles et la gestion de la frustration face à l’échec). Il y avait mille et une occasions psychoéducative.

Leçon 7 une conception naturaliste

Contrairement à aujourd’hui où l,on implante des programme spécialisés pour le développement de multiples compétences (exemple: gestion du stress – développement des habiletés sociales, etc). La conception Boscovillienne était dans une approche naturaliste. Le vécu quotidien fournissait les sources multiples d’événements à exploiter à des fins psychoéducatives – lors des activités – des temps libres – du vécu de groupe, etc.

À suivre… peut-être d’autres leçons

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *