L’amour au temps du numérique (un documentaire)

Préambule.

C’est un documentaire qui est passé à Télé Québec en début décembre 2015 et qui avait été présenté à Tout le monde en parle en fin novembre 2015.

Étant donné la nature des propos rapportés dans ce documentaire, j’ai trouvé important d’extraire les propos de jeunes dans la vingtaine sur l’amour, les fréquentations et l’utilisation des médias sociaux pour le « dating »

  • Auteures: Sophie Lambert et Line Richard
  • Réalisatrice: Sophie Lambert

Les jeunes interviewés (toutes et tous célibataires)

  • Sandrine Duhamel-Gonthier (21 ans) Hôtesse – manequin
  • Timothé Gill (19 ans)
  • Gabrielle Perreault (21 ans) a un bébé de quelques mois (serait selon sa psy une « nymphomane »
  • Karine St-Michel (19 ans) a été en couple durant 6 mois lors du tournage du documentaire
  • Stef Stoica (21 ans) travaille dans un nigth club
  • Stevo Trann (24) est gay

Ce documentaire est très intéressant, mais n’est pas une étude sociologique sur les valeurs des jeunes de 20 ans. Il n’est pas selon moi, non plus, représentatif de la jeunesse. Le choix des six participants apporte un biais dès le départ, de même que l’intention de la réalisatrice.

  • selon la réalisatrice Sophie Lambert, le but était de savoir comment les réseaux sociaux influencent la quête amoureuse;
  • parmi 80 interviews, 6 jeunes sont retenues à cause de leur façon particulière d’utiliser les sites de rencontre et leur manière de gérer leur image en ligne

Extraits de propos des jeunes

Selon la réalisatrice: à 20 ans on cherche à créer des liens, à être connu, on désir partager et être aimé.

Les sites de rencontres utilisés, sur téléphone intelligent: Tinder – Badou – Instagram.
C’est un bar open.

On est de la génération où il faut avoir:

  • les plus beaux « char »
  • la plus belle maison
  • la plus belle famille
  • le plus beau linge,
  • à l’école le plus beau coffre à crayon…

(un gars dit): si j’ai pas un « déclic » quand je vois la photo de la fille…
… après une nuit… faut pas que je sois tanné de la voir…

(Karine): je ne crois pas à cette notion du « couple ».. établi par la société. Un couple qui reste ensemble des années… fidèle.. je ne crois pas à ça… je ne crois pas que ce couple puisse être heureux. C’est déprimant de penser qu’une personne va coucher seulement avec une personne pendant 30 ans. ça serait bénéfique (en parlant de ses parents) qu’ils aillent voir ailleurs.

(parlant de son couple): on est un couple ouvert – actuellement on a pas couché avec d’autres, mais c’est certain que ça va arriver (note: elle est allé voir ailleurs, lorsque son chum l’a appris, il l’a quitté. De plus, elle a appris que son chum est allé voir ailleurs, ne lui a pas dit…).

(Gabrielle): elle vient d’avoir un enfant, mais ne sait pas qui est le père… et ça ne la dérange pas (finalement, suite à un test de paternité le père a été identifié. Ellle a couché avec 104 haommes différents… elle dit aimer la diversité.

(Sandrine): le sexe est une activité comme une autre… avec lui ou avec un autre c’est pas mal tout pareil.

(Stef): les parents ne comprennent pas c’est quoi le « Night life », a consommation de drogue. Si tu parrait bien et que tu as de l’argent ($) les filles viennent à toi. La fille qui te donne son numéro de téléphone c’est qu’elle veut du sexe pour la soirée.
Pour moi, ma futur femme devrait venir d’une bonne famille et que pas trop de gars qui sont passé dessus (note: Stef ne manquait pas les occasions pour « passer » sur plein de fille…).
Un gars (vison positive): c’est comme une clé qui rentre dans toutes les serrures (passe-partout)
Une fille (vision négative): une serrure qui se fait rentrer par toutes les clés = une saloppe (OUF!).
(parlant de couple): quand il ya un petit quelque chose (désaccord) à la place de règler cela on lâche… on lâche trop vite…
pourquoi qu’on resterait fâché avec elle, alors qu’on peut en avoir 15 autres.

(Timothé): il à une amie qui est une « fuck frend »… l,entente est clair… faire attention pour ne pas s’attacher. cette amie a aménagé chez lui, ils couchaient ensemble, mais sans sexe (?).

(Sandrine): elle a quatre prétendants pour être le père de ses enfants…
Aujourd’hui la réputation d’un gars – ce qui parait bien c’est de paraître épais, être courailleux, matcho, beau et chaud… la fille, elle, qui montre trop ses seins, se maquille trop et sort trop, c’est une saloppe.


Conclusion de la réalisatrice

Ces jeunes sont-ils différents? Ils ont les mêmes rêves d’engagement, mais vivent dans environnement – d’image – de surabondance de partenaires potentiel qui bouscule tout.

Ces jeunes, finalement veulent de la stabilité, mais les ruptures faciles les ramènent à la case départ.

À la question: Comment vous vous voyez dans 10 ans. Toutes et tous se voient dans une relation stable; avec une famille, des enfants, une maison.

La réalisatrice dit: moi je suis de l’époque où on était en amour et où on rêvait de sexe – tout bascule aujourd’hui, on est dans le sexe et on rêve d’amour.

Mes réflexions

  • je ne crois pas que ces jeunes sont représentatifs des jeunes dans la vingtaine
  • je vois ça comme un « trip » de jeunesse… pour certains
  • les propos des jeunes démontrent une injustice, une inégalité au niveau des perceptions et des relations gars/fille. Il est beaucoup plus toléré les « écarts de conduites » pour les gars comparés à celles des filles
  • on présente le corps, la sexualité comme un produit, un objet de convoitise, une consommation. Le « sexe » est considéré au même titre que n’importe quel autres activités de consommation (aller au cinéma, au théâtre, prendre un bon repas au restaurant, « baiser »).
  • il y a une confusion entre « faire l’amour » (avoir du sexe) et être en amour.
  • le numérique, les réseaux sociaux et les sites de rencontre facilitent grandement la « quête amoureuse ». L’époque actuelle (2015) avec la pression à la consommation, à la performance, à la satisfaction de soi, à la quête de plaisir ouvre grande les portes aux excès de toute nature.
  • avec la révolution tranquille au Québec est arrivé un vent de liberté. S’est produit en même temps la pratique du « utilisez et jetez » (les crayons Bic, les Kleenex, les couches jetables). Par la suite l’informatisation et la rapidité d’accès à tout. Ces environnements où le « rapide », le « jetable », le « remplaçable », ont influencé les relations humaines. Ces relations sont devenues plus facilement: échangeables, jetables, etc.
  • ceci dit, je ne crois pas que ce qui ressort de ce documentaire représente le vécu et les aspirations des jeunes (du moins je le souhaite).
  • quelques expressions clés qui m’ont impressionnés:
    • c’est comme un bar ouvert
    • ne pas s’attacher
    • tout le monde est infidèle
    • avec lui ou avec un autre, c’est pas mal tout pareil
    • pourquoi rester avec elle qui est fâchée alors qu’il y en a 15 qui sont disponibles
  • ce documentaire a le grand mérite de nous faire réfléchir…

 

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