État de la situation
Les services de santé, les services sociaux, les services à la petite enfance, l’éducation sont de plus en dispendieux. Ça coûte très cher. De plus, au Québec nous sommes surtaxés et les gouvernements qui se succèdent ont de la difficulté à trouver les fonds pour maintenir les services en place. Il y a donc beaucoup de pression à réduire les coûts des services, à couper les budgets voués aux organismes.
De l’autre côté, la population québécoise veut des services de qualité: services de garde, services de santé, un bon système d’éducation avec deux volets, l’un publique et l’autre privée, du soutien également aux soins à domicile pour les personnes âgées et du soutien pour les organismes communautaires (traitement des dépendances, maisons de jeunes, organismes de lutte à la violence conjugale, etc.).
Les politiciens et les gestionnaires
Dans ces situations de restrictions budgétaires, l’une des préoccupations des politiciens ainsi que des gestionnaires, c’est de voir à ce que les fonds publiques soient très bien gérés et que les services soient bien délivrés. Ça c’est le côté positif, la préoccupation d’une saine gestion. Je ne parle pas ici, bien entendu, des mauvaises dépenses, des fraudes, du détournement de fonds, etc.
Depuis au moins une décennie ou plus, est apparu dans notre univers québécois, en éducation, en santé, en petite enfance, la GAR (Gestion Axée sur les Résultats), l’utilisation en évaluation de programmes du Modèle logique avec ses Intrants et ses Extrants, en passant par les indicateurs de résultats et de performance. Le tout bien ficelé par le soucis de l’efficience (signification: meilleurs services à meilleurs coûts). En éducation, s’est ajouté les Plans stratégiques, et les contrats d’entente ministère de l’Éducation CS et écoles. Pour y arriver, certains milieux ont engagé des firmes de consultants afin de « rentabiliser » en réduisant les coûts par une analyse très serrée des faits et gestes des professionnels intervenants.
Ces préoccupations « administratives » sont jusqu’à un certain point, nécessaire. Avoir des systèmes de services bien administrés, avec des coûts sans excès. Cependant, il ne faut pas tombé dans un « Taylorisme » (style de production d’une chaîne de montage d’automobile) en ayant qu’une préoccupation de coûts dans l’ici et maintenant. En oubliant que le domaine des sciences humaines requière une vision et une approche « qualitative » et que la prévention demande d’investir, mais rapporte beaucoup. malheureusement, pas à court terme.
La réalité de l’intervention psychoéducative
Ici on est dans un autre univers, dans le « mou » (une science molle) celui des humains en grande difficulté parfois en détresse. Ici, l’établissement d’une relation de confiance avec des enfants, des adolescents, des parents demande parfois beaucoup de temps. Il y a des résistances, des imprévus des régressions et aussi des insuccès.
Oui il faut être « efficient », mais pas au prix de « mal servir la clientèle en difficulté ». Une intervention écourtée, trop rapide, peut conduire à peu de résultats valables. Ce qui finalement coût plus cher.
Alors, que voudra dire une intervention psychoéducative produisant une bonne « performance »? Quels seront les bons indicateurs de performance? Peuvent-ils être strictement de nature quantitatives, du genre: Nombre, de P.I., nombre de visites, nombre d’évaluations, nombre de clients rencontrés?
Pistes de solution
Il faut donc, en psychoéducation, comme ailleurs (éducation, santé, petite enfance, etc.)
- développer des approches ou des modèles de gestion qui équilibrent des indicateurs de résultats mixtes (quantitatifs et qualitatifs);
- développer des outils d’évaluation et de suivi, « fiables », cohérents avec le modèle psychoéducatif qui se traite assez rapidement (informatisé) afin de favoriser l’efficience;
- répertorier et utiliser des stratégies d’intervention (programmes, activités, outils) qui ont fait leur preuve et qui sont réalistement pas trop couteux en temps et en durée;
- développer dans la formation, l’alliance entre les préoccupations de gestion, de rentabilité, d’efficience et les préoccupations cliniques.
Ces innovations en psychoéducation peuvent se réaliser par une alliance entre les chercheurs universitaires des différents départements de psychoéducation et les praticiens des différents milieux.