Note à mes lectrices et lecteurs
Ce que je présente dans cet article sur l’enseignement et la recherche universitaire c’est tout le côté positif de l’expérience que j’ai vécue. C’est voulu ainsi. Évidemment vous comprendrez que ceci ne représente pas toute la réalité de l’expérience. Comme c’est le cas dans la vraie vie, il y a aussi un côté sombre et difficile.
Ainsi, je pourrais présenter une autre analyse décrivant le côté très difficile de cette expérience d’enseignement et de recherche. Les obstacles, les rivalités, les déceptions, les deuils et séparations d’avec les collègues et les assistantes de recherche. Les subventions de recherche refusées, les articles refusés. La difficulté aussi d’enseigner au 1er cycle (baccalauréat) où l’on pouvait me reprocher ma trop grande exigence dans les travaux, mon manque de dynamisme dans mes exposés lors des cours et d’être trop théorique.
Bon voilà, la mise au point et à vous d’apprécier le côté enrichissant de cette expérience.
Avant ma carrière universitaire, j’ai été:
Éducateur physique au primaire durant 1960-1961 (1 an)
Commission scolaire de Pointes-aux-Trembles
Éducateur physique et psychoéducateur à Boscoville de 1960 à 1974 (14 ans)
Coordonnateur des activités physiques et sports
Centre de Psycho-Éducation du Québec (CPEQ) 1974 à 1977 (3 ans)
Psychoéducateur consultant dans l,accompagnement des milieux et responsable du certificat de psychomotricité.
Ma carrière universitaire:
École de Psychoéducation de l’Université de Montréal 1978 à 1982 (4 ans)
L’Université du Québec à Rimouski UQAR – Rimouski Période de 1982-1985 (3 ans)
Département des sciences de l’éducation – en adaptation scolaire
L’université du Québec à Trois-Rivières UQTR – Trois-Rivières Période de 1985 à 2006 (21 ans)
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Ce que je retiens de très beau de l’enseignement universitaire
Avoir le statut de professeur d’université et être responsable de 30 à 40 étudiantes dans la vingtaine, qui se préparent à la carrière de psychoéducatrice, est un statut et une responsabilité valorisante. Particulièrement former les étudiantes aux bases de la recherche et expérimenter en laboratoire des traitements statistiques et aussi réaliser une mini-recherche, me fait éprouver de la satisfaction.
Le plus satisfaisant et valorisant c’est l’enseignement aux étudiantes de maîtrise. Ces étudiantes sont plus âgées, plus expérimentées, plus motivées qu’au baccalauréat. Je me sens bien avec elles, compétent et en sécurité. Je suis sûr de ce que je leur apporte. Elles m’apprécient et cela me valorise. Habituellement les groupes sont peu nombreux, de 15 à 20 étudiantes, ce qui allège ma tâche comparée aux groupes de baccalauréat qui varient entre 30 et 45 étudiantes (répétés deux fois). J’aime particulièrement la partie présentation des travaux à la maîtrise où c’est au tour des étudiantes d’être actives.
Une autre dimension intéressante de l’enseignement, c’est la supervision de stage à la maîtrise. Pour une tâche d’enseignement, j’assume 5 ou 6 étudiantes pour l’année (deux trimestres). Ce que j’aime c’est d’être proche du terrain et de « coacher » en utilisant des moyens pour solutionner un problème du milieu. La créativité est au rendez-vous et le contact personnel avec l’étudiante me stimule.
La direction des étudiantes dans leur mémoire de maîtrise ou de thèse de doctorat est une autre tâche que j’adore. C’est un long processus d’élaboration d’une recherche avec un lien de complicité, un partage des hauts et des bas du parcours d’apprentissage de l’étudiante. Pour les étudiantes de maîtrise, cela dure habituellement deux années, mais pour les étudiantes de doctorat c’est très long de 6 à 10 ans. Il s’en passe des choses dans ce vécu d’encadrement : la maladie, les succès, les échecs, les grossesses, les séparations, les déménagements, etc. Au doctorat l’étudiante devient une collègue ou une collaboratrice de recherche.
Souvent les étudiantes de maîtrise et de doctorat sont aussi mes assistantes ou mes professionnelles de recherche. Elles sont essentielles à la réalisation de mes projets de recherche. Je les côtoie tous les jours, on forme une équipe. Ces collaboratrices peuvent l’être durant de nombreuses années de 5 à 10 ans, soit la durée de leurs études. C’est tellement bon. Diriger des étudiantes graduées comme assistantes ou professionnelles de recherche est une autre tâche très gratifiante.
Les diverses émotions positives et les valeurs qui se manifestent en relation avec l’enseignement sont les suivantes. Les plus fortes : l’accomplissement de soi, le sentiment de réussite, le sentiment de compétence, être respecté, la reconnaissance par les collègues, le pouvoir, le prestige. En second viennent : la stimulation à toujours apprendre plus, la fierté, la bienveillance dans les relations, l’engagement, la persévérance, l’humour, la sociabilité, l’ambition, la créativité, le leadership.
Ce que je retiens de très beau de la recherche
Ma toute première initiation à la recherche se situe en 1966. Une expérience d’apprentissage de jeux acrobatiques par quatre adolescents de Boscoville. C’est dans le cadre d’un travail de formation (fin de mon certificat) pour Gilles Gendreau. Ce fut une expérience de recherche en laboratoire, à ce point originale que Richard Tremblay m’a imité. C’est très positif, de belles émotions : fierté, sentiment de compétence, d’originalité.
Par la suite c’est ma maîtrise avec Richard Tremblay. J’y réalise de très beaux apprentissages, des cours sur le développement cognitivo-moteur, l’éthologie, la psychopathologie avec le Dr. Lemay, le béhaviorisme, etc. C’est une expérience très stimulante. Durant cette période de formation, j’assiste à mon premier congrès international en Nouvel Orléans. C’est ma première expérience de présentation d’une recherche. Je passe à un autre niveau supérieur de rigueur. C’est à cette période que je découvre vraiment la recherche. Puis arrive le doctorat avec Aimée Leduc et le Béhaviorisme social. J’apprends encore davantage avec les cours sur la théorie d’apprentissage ( le traitement de l’information théorie de Gagner), avec l’approche expérimentale, les statistiques, les recensions d’écrits, les présentations rigoureuses lors des séminaires et lors des colloques.
Je réalise beaucoup de projets de recherche dont je suis le leader, l’initiateur. J’éprouve un sentiment d’importance, de compétences. Je suis un chercheur. J’obtiens des subventions, des commandites de commissions scolaires, du ministère de l’Éducation, d’un centre jeunesse.
Durant ma carrière universitaire, je réalise, entre autres, les recherches suivantes : (1) La première est à Rimouski, sur les attitudes des enseignants et l’intégration des élèves en difficulté. Une recherche collaborative avec deux écoles secondaires. (2) L’autre à Trois-Rivières, une étude longitudinale sur les attitudes des enseignants. De la fin du primaire à la fin du secondaire 2 (durée de trois ans). (3) La recherche-action en Gaspésie avec Renée Pinard et Simon Papillon (durée de 3 ans). (4) La recherche à VJSD sur la clientèle (une commandite). (5) La recherche sur le décrochage scolaire (LEAT) production du Guide les Petits pas (premier transfert de connaissances). (6) Les programmes Prends le volant et PARC (commandite de CSTR) un transfert de connaissance. (7) L’étude longitudinale avec la direction de l recherche du ministère de l’Éducation (durée 3 ans, puis 11 ans), c’était une commandite. (8) L’étude longitudinale sur le décrochage scolaire avec Laurier Fortin, Égide Royer et Diane Marcotte (durée 11 ans). (9) Le mentorat avec l’école secondaire Cavelier De Lasalle (durée 2 ans). Puis des outils de transfert de connaissances avec le CTREQ : deux guides de prévention, deux logiciels de dépistage, un guide de Mentorat, un guide Agir dès les premiers signes, un site internet École et Stratégies.
Beaucoup de production d’articles scientifiques et professionnels (90), de congrès, de voyages dans le monde, de conférences (250), d’outils, de programmes, de logiciels (42) et de rapport de recherche (42).
Les diverses émotions positives et les valeurs qui se manifestent en relation avec la recherche. Les plus fortes ce sont : le sentiment de productivité, l’accomplissement de soi, la fierté, le prestige, la compétence, la reconnaissance. En second ce sont: le plaisir de travailler en équipe, la fraternité, les amitiés, l’humour, les découvertes dans les voyages.
salut Pierre…
sans oublier « spécialiste de la psychomotricité » et des découvertes du plaisir de créer des activités ludiques et d’expérimenter avec les jeunes…des étés à faire découvrir l’importance du jeu et des activités corporelles pour le schéma et l’image corporels..c’était jadis…Claude
Pierre,
Toute ta vie professionnelle témoigne du fait que tu as toujours par tes recherches et ton enseignement soutenu les personnes marginalisées.
Dr Raynald Horth
Tu as raison Raynald. Mes travaux de recherche ont été orientés vers les personnes en difficulté (élèves, décrocheur, violence conjugale, etc.). Merci de le souligner.