« Ti-gars, je veux te donner de l’amour
Ça brasse pour toi, pour nous, ces temps-ci
Turbulence, douleur de croissance et remises en question de nos relations avec les femmes
Je veux pas parler en leurs noms, d’autres l’ont mal fait beaucoup mieux que moi…
Je veux te parler de gars à homme, d’homme à fils, frère, neveu ou chum
Sans tomber dans les jokes de cul
Je veux qu’on sorte de nos cages, de la Cage aux Sports comme de la cage thoracique
Un tien vaut mieux que deux tu l’auras, mais deux couilles valent moins qu’un cœur à la bonne place
Je suis pas un exemple, mais laisse-moi t’en donner
Quel genre de modèle on nous propose?
Des joueurs de hockey qui s’imposent sur la glace
Des batailleurs MMA qui s’imposent sur le ring
Des rappeurs un peu misogynes qui s’imposent dans le game
Les superhéros qui règlent tout à coups de poing
Pas simple, d’aller te dire d’être sensible et en contact avec tes émotions
Mais entre Iron Man, Rocco Siffredi et Josélito Michaud
Il y a un large spectre, une vaste palette de mec à être
Complexe, peut-être, mais tu peux être sans écraser l’autre
On peut sortir du vieux moule pourri de l’homme fort à tout prix
On se les fait mettre dans face, nos erreurs et nos errances…
C’est rough, mais y a eu trop de viol, trop de violence
L’humanisme passe par le féminisme tant qu’on n’aura pas atteint l’égalité
Tant que la sécurité ne sera pas un bien commun, pour toi comme pour elles
Ça t’enlève rien, t’sais, ça va juste embellir le monde, pour tout le monde
T’as le droit d’être qui tu es, de tripper sur les camions, les outils, les lutteurs
T’as le droit d’avoir un pénis, t’as le droit d’avoir envie de t’en servir
D’éprouver du désir et de le nommer
Mais tu ne peux pas imposer tes fantasmes, ou toucher sans consentement
Et tu ne peux pas envoyer des photos de ta graine si on ne te le demande pas explicitement
Même si t’as la plus belle graine de Saint-Hyacinthe
Garde ton petit miracle dans tes bermudas, ti-gars
Pis accepte qu’on te dise non, apprends à différer la gratification
Et vivre avec la frustration, même la détresse
Mais les gars se suicident 4 fois plus, rétorques-tu!?
Attend, on revient à la violence, encore
Les femmes vivent pas moins de détresse, elles meurent moins de leurs tentatives de suicide
Nuances; leurs moyens pour passer à l’acte sont moins radicaux
Nous, on tue, comprends-tu, sans retour possible; on SE tue, et on tue trop, beaucoup trop
Pour une seule tueuse, tu as 148 hommes aux mains pleines de sang, ça a pas de sens
Les femmes sont pas parfaites, mais c’est un fait : nous tuons davantage, nous frappons plus souvent, nous assassinons
Pis y’est temps qu’on s’inquiète, qu’on se ramasse entre gars, qu’on se brasse, pour se dire « plus jamais ça »
Plus jamais huit féminicides en quelques semaines au Québec
C’est pas digne de la beauté des hommes, de la bonté de la majorité d’entre nous
Mais le danger est là, c’est aussi ça, les hommes, ti-gars
Fait que si tu sens monter cette violence, si t’es pour frapper, pour tuer
Sacre ton camp, décrisse le plus loin, le plus vite possible
Tu as le droit de le ressentir, t’as pas le droit de l’agir
Va crier, va te saouler, va demander de l’aide ou te perdre dans le bois
Serre les dents plutôt que les poings
Serre-toi de ta tête quand ton cœur se brise
Serre-moi dans tes bras, range ta corde, range ton gun
Serre-moi dans tes bras, hurle pis braille, braille fort
Fort comme un homme
Mon gars »
–David Goudreault, auteur