La mode du changement de terminologie en éducation
Un chat c’est un chat
Selon les époques on change les termes qu’on utilise en éducation, c’est la mode, et ce particulièrement dans le domaine des « élèves en difficulté ». Parfois on change pour des raisons justifiées, pour des changements dans les valeurs véhiculées. Parfois, je crois, qu’on change pour des raisons qui sont peu justifiables. Voici quelques termes qui ont changé en éducation.
- L’enseignant n’enseigne plus, il est accompagnateur d’apprentissage,
- On ne parle pas en éducation de l’attitude de l’enseignant, mais de sa posture,
- L’élève, n’est plus un élève, c’est un apprenant,
- L’élève n’est pas en situation de « recevoir » des connaissances, des savoirs, mais construit lui-même ses savoirs en interaction avec les autres,
- L’école ne transmet plus des connaissances, des savoirs, mais soutient l’élève à construire des compétences,
- Il n’y a pas « d’élève en difficulté » ou « d’élève à risque », mais des élèves à besoins particuliers,
- Il n’y a pas non plus des élèves « handicapés », mais des élèves en situation de handicap,
- Il n’est pas question de décrochage scolaire, mais bien de persévérance scolaire,
- On ne parle plus d’intégration scolaire, mais d’inclusion,
- … et sans doute bien d’autres terminologies que j’oublie.
J’éprouve un certain malaise concernant ces changements ou ces « modes » qui on le sait, se veulent une indication de « changements », de paradigmes différents. Mon malaise n’est pas une peur de la nouveauté, il se situe au niveau du sens et des conséquences.
Est-ce qu’il se pourrait que parfois on change de terme pour éviter d’identifier le « problème »? Ou parce qu’on ne veut pas faire ressortir une réalité en changeant la terminologie
- Le décrochage scolaire est un « problème » – scolaire, familial et social. Persévérer est autre chose, c’est l’un des moyens, certes pas le seul.
- Élève en difficulté, à risque, représente un problème. Une difficulté, un risque d’échec c’est une réalité. Besoins particuliers, c’est au niveau des moyens.
- L’élève handicapé a un handicap, c’est une réalité.
Réflexion à suivre…
Parfois il faut appeler un chat, un chat.
Ceci fait évidemment penser à Orwell et à sa novlangue dont le but est de faire écran à la réalité des choses. Exemple connu : le ministère de la guerre (ou des armées) est rebaptisé « ministère de la paix », un pas plus loin encore que nos « ministères de la défense ».
C’est une forme de camouflage qui appauvrit l’esprit en supprimant les repères. La suppression des cotations chiffrées va dans le même sens. C’est un des nombreux moyens que nos pédagogistes progressistres ont inventé pour faire de nos enfants « de futurs illettrés », comme disait Paul Guth, en 1980. Bizarrement, ce joli plan ne concerne que l’occident : rien de tel en Asie notamment. Pourquoi ?