Ti-gars – Lettre aux petits gars par David Goudreault Pierre Potvin / 8 août 2021 blob:https://ici.radio-canada.ca/83ddfcb0-6ce4-4336-b6d8-c5b2aa5b3057 « Ti-gars, je veux te donner de l’amour Ça brasse pour toi, pour nous, ces temps-ci Turbulence, douleur de croissance et remises en question de nos relations avec les femmes Je veux pas parler en leurs noms, d’autres l’ont mal fait beaucoup mieux que moi… Je veux te parler de gars à homme, d’homme à fils, frère, neveu ou chum Sans tomber dans les jokes de cul Je veux qu’on sorte de nos cages, de la Cage aux Sports comme de la cage thoracique Un tien vaut mieux que deux tu l’auras, mais deux couilles valent moins qu’un cœur à la bonne place Je suis pas un exemple, mais laisse-moi t’en donner Quel genre de modèle on nous propose? Des joueurs de hockey qui s’imposent sur la glace Des batailleurs MMA qui s’imposent sur le ring Des rappeurs un peu misogynes qui s’imposent dans le game Les superhéros qui règlent tout à coups de poing Pas simple, d’aller te dire d’être sensible et en contact avec tes émotions Mais entre Iron Man, Rocco Siffredi et Josélito Michaud Il y a un large spectre, une vaste palette de mec à être Complexe, peut-être, mais tu peux être sans écraser l’autre On peut sortir du vieux moule pourri de l’homme fort à tout prix On se les fait mettre dans face, nos erreurs et nos errances… C’est rough, mais y a eu trop de viol, trop de violence L’humanisme passe par le féminisme tant qu’on n’aura pas atteint l’égalité Tant que la sécurité ne sera pas un bien commun, pour toi comme pour elles Ça t’enlève rien, t’sais, ça va juste embellir le monde, pour tout le monde T’as le droit d’être qui tu es, de tripper sur les camions, les outils, les lutteurs T’as le droit d’avoir un pénis, t’as le droit d’avoir envie de t’en servir D’éprouver du désir et de le nommer Mais tu ne peux pas imposer tes fantasmes, ou toucher sans consentement Et tu ne peux pas envoyer des photos de ta graine si on ne te le demande pas explicitement Même si t’as la plus belle graine de Saint-Hyacinthe Garde ton petit miracle dans tes bermudas, ti-gars Pis accepte qu’on te dise non, apprends à différer la gratification Et vivre avec la frustration, même la détresse Mais les gars se suicident 4 fois plus, rétorques-tu!? Attend, on revient à la violence, encore Les femmes vivent pas moins de détresse, elles meurent moins de leurs tentatives de suicide Nuances; leurs moyens pour passer à l’acte sont moins radicaux Nous, on tue, comprends-tu, sans retour possible; on SE tue, et on tue trop, beaucoup trop Pour une seule tueuse, tu as 148 hommes aux mains pleines de sang, ça a pas de sens Les femmes sont pas parfaites, mais c’est un fait : nous tuons davantage, nous frappons plus souvent, nous assassinons Pis y’est temps qu’on s’inquiète, qu’on se ramasse entre gars, qu’on se brasse, pour se dire « plus jamais ça » Plus jamais huit féminicides en quelques semaines au Québec C’est pas digne de la beauté des hommes, de la bonté de la majorité d’entre nous Mais le danger est là, c’est aussi ça, les hommes, ti-gars Fait que si tu sens monter cette violence, si t’es pour frapper, pour tuer Sacre ton camp, décrisse le plus loin, le plus vite possible Tu as le droit de le ressentir, t’as pas le droit de l’agir Va crier, va te saouler, va demander de l’aide ou te perdre dans le bois Serre les dents plutôt que les poings Serre-toi de ta tête quand ton cœur se brise Serre-moi dans tes bras, range ta corde, range ton gun Serre-moi dans tes bras, hurle pis braille, braille fort Fort comme un homme Mon gars » –David Goudreault, auteur Partager :PlusImprimerTweet